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Juin 2006
A propos du commerce équitable
Un livre :
Les coulisses du commerce équitable
Mensonges et vérités sur un petit business qui monte
de Christian Jacquiau
Ed Mille et une nuits
Et le commentaire :
« commerce équitable », évangile selon saint Max
Chacun connaît l’expression « commerce
équitable » à défaut de pouvoir en dresser
un tableau ou en donner une définition . Sommairement
c’est : acheter un peu plus cher un produit (café,
chocolat, coton...) pour que les PPDS (lire petits producteurs du sud)
vivent un peu mieux . Il faut noter toutefois que le « un
peu mieux » est pour ainsi dire « moins que rien
» selon nos critères d’occidentaux.
Ce concept à première vue généreux a
été récupéré et marchandisé
et jouant sur la culpabilité du consommateur qui n’en voit
pas l’aberration, la grande distribution se fait le
champion de l’équitable . La résistance est
bien difficile pour des organismes, tels Minga (90 entreprises)
et Artisans du monde (143 associations 5000 bénévoles se
ressaisissant), qui veulent une filière équitable en
totalité (production, transport, distribution du produit) au
nord comme au sud contre la PFCE (plate- forme pour le commerce
équitable) dominée par l’association Max Havelaar,*
qui ne veut d’équitable que le produit, au sud.
Première tentative de normalisation en 2002 ; elle est
confiée à l’AFNOR par l’ancien
secrétaire d’Etat à
l’Economie sociale et solidaire. Elle échoue. On en
restera aux labels privés alors qu’une certification
reposant sur un contrôle indépendant garanti par l
‘Etat donnait toute garantie aux consommateurs.
L’AFNOR tente de publier un « fascicule de documentation
». En vain . Foin du débat citoyen. L’Etat
entérine.
Printemps 2005 : le gouvernement annonce la publication d’une
norme dans les six mois et charge l’AFNOR de réexaminer
ses propres travaux selon ses directives… qui coïncident
avec celles de la PFCE . S’ensuit mission d’information
parlementaire , rapport du député qui se clôt par
quarante propositions. Quid des modes de transport et de
commercialisation. Quid du nord au motif que les pauvres du nord ont
une protection sociale et donc souffrent moins que les pauvres du sud
2 août 2005 : dans la torpeur de l’été passe une loi en faveur des petites et moyennes entreprises.
D’apparence anodine, au milieu des 101 autres, dans le
chapitre « modernisation des relations commerciales »
l’article 60, en catimini, expédie en trois
points la loi sur le commerce équitable, sans débat .
16 janvier 2006 : l’AFNOR publie l’accord AC X50-340 qui entérine les exigences de Max Havelaar France
S’en est fait de la tentative de rendre la totalité de la filière équitable au nord comme au sud.
Le HCCI (haut conseil de la coopération internationale)
français, instance consultative auprès du premier
ministre, propose, le 11 mai 2005, au bénéfice des
consommateurs, une déduction fiscale de 66% sur
l’impôt sur le revenu , sur le montant de leurs
achats de produits du commerce équitable.
En somme, acheter en grandes surfaces équivaut à faire un don à une œuvre caritative.
Retour à l’esprit des origines : la charité.
*Max Havelaar est le
héros éponyme d’un roman du Néerlandais
Edouard Douwes Dekker publié en 1860 sous le nom de Multatuli.
L’association Max Havelaar a été fondée par
deux hollandais : un prêtre Frans van der Hoff et Nico Roozen,
proche de l’Eglise
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