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Avril 2006
Les cimetières ne sont pas laïques
La vie est telle que chacun de nous est, au moins une fois, entré dans un cimetière.
Tous les cimetières de France se ressemblent. D’abord, on
les a mis à l’écart du village ou de la ville.
Ensuite, on les a entourés d’un mur suffisamment haut.
Enfin, on a placé un solide portail d’entrée, et
c’est là que le problème débute.
Quasiment tous les portails sont surmontés d’une croix,
symbole de la religion catholique, qui entend ainsi marquer sa
domination sur les lieux.
A l’intérieur du cimetière, une ou plusieurs croix,
plus ou moins grandes, sculotées, ornées, peintes,
trônent aux endroits stratégiques : centre du
cimetière, croisement d’allées,…non pour
indiquer l’emplacement d’une tombe, mais pour bien rappeler
que ces lieux sont placés sous tutelle, « la protection
», « la coupe » de la religion catholique.
Et pourtant, à l’époque actuelle, qu’en est-il ?
- qui achète et est propriétaire du terrain ? la mairie…
- qui effectue tous les travaux (terrassements, murs
d’enceinte, adduction d’eau, entretien des allées,
récupération des tombes abandonnées, ) gestion des
concessions ? la mairie…
- qui, dans beaucoup de villages, fournit le
corbillard, les porteurs, le fossoyeur… ?la mairie….
- La mairie…. Cette maison commune, civile,
laïque, qui d’après la loi de 1905, respecte toutes
les religions , mais n’en salarie ou n’en subventionne
aucune.
Les catholiques rétorquent que les croyants des autres
religions, (en oubliant ceux qui n’en ont pas !), «
bénéficient de carrés » à part, bien
à eux, où ils peuvent enterrer leurs morts selon leurs
rites propres et sous des monuments spécifiques. Ils ne
s’offusquent pas de l’existence du carré des
indigents, des pauvres, des exclus. Nous répondons que
c’est scandaleux et inacceptable : ainsi, même dans la
mort, il faudrait établir des limites, des séparations,
poursuivre au cimetière le communautarisme et les clivages qui
pourrissent la société des vivants ?
La loi est la même pour tous et doit être respectée
par tous. Les cimetières doivent être des lieux publics et
laïques d’où tout prosélytisme doit être
proscrit. Tous les signes religieux, ostentatoires, ostensibles
globalisant l’appartenance du lieu à quelque croyance que
ce soit, doivent être enlevés. Les « carrés
réservés » doivent être supprimés.
Chacun gardera sa liberté totale et respectée par tous de
choisir son emplacement et d’indiquer, sur la tombe de son (ses)
défunt(s) le signe de reconnaissance, d’appartenance,
d’obédience, qui lui plaira.
Ainsi, la liberté de chacun pourra s’exercer sans empiéter sur celle des autres….
Et, sait-on jamais, la paix des cimetières amènera peut-être un jour la paix des vivants ?
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