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Avril 2006

Tolérance ? Intolérance ?

L’affaire des caricatures du « prophète »( !) Mahomet n’est qu’un épisode de pus dans la folle exigence des religions, de toutes les religions, de régenter tous les instants de la vie des individus, des structures civiles, des états…
Dès que l’on s ‘approche des dogmes religieux (si ce n’est pas pour les encenser), on provoque immédiatement des protestations indignées, des poursuites judiciaires, des déclarations solennelles et attristées des dirigeants politiques, leurs excuses au « nom de la France », et désormais des réactions de plus en plus violentes et sanglantes des extrémistes de tous bords.
Et nos éminences catholiques, plus patelines et plus opportunistes que jamais, s’empressent de prendre la défense de ces pauvres musulmans si sauvagement agressés.
Donc, dans notre France républicaine et laïque, qui vient de célébrer le centenaire de la séparation des églises et de l’Etat, il ne faut pas brocarder les religions, toutes les religions et on voit l’union sacrée, c’est le mot !, de tous les curés, pasteurs, imams, rabbins et autres contre ces impies, ces blasphémateurs, ces infidèles, ces mécréants qui osent faire quelques dessins ou écrire quelques mots.
Et tout cela au nom de la liberté de croire, du respect de ces croyances…
Eh bien ! zut ! zut et zut !(et je suis poli !)
Qui est intolérant ? qui est irrespectueux ?
Nous, les laïques, qui avons, dans la loi de 1905, reconnu le droit à quiconque d’avoir une religion ? En passant, il serait bon de remarquer que cette li reconnaît le droit d’exister à toutes les religions… même à celles qui ont été pourchassées avec la plus extrême violence par la religion dominante qui ne professait guère le respect des croyances différentes !!!
Mais il ne faut as oublier que celle li reconnaît aussi le droit de NE PAS CROIRE.Et moi qui ne croit pas, ai-je le droit de me sentir « offensé », agressé, gêné, par tout cet étalage religieux que je rencontre partout ?
Ces innombrables croix érigées à tous les carrefours, devant bon nombre de bâtiments publics, dans les cimetières où ne sont pas enterrés que des croyants, au- dessus des monuments aux morts à qui on ‘a pas demandé s’ils étaient catholiques, sur le moindre tertre, sur toutes les collines du pays…
Ces églises entretenues par l’impôt de tous, croyants ou incroyants, dont les cloches appelant les « fidèles » à la messe carillonnent à tout va à n’importe quelle heure…
Ces écoles religieuses qui prétendent assurer un service public d’éducation et qui ratissent l’argent public pour, quoique leurs tenants en disent, transmettre le message de leur « messie » (mais on ? mais si !)…
Es interventions dans la vie quotidienne des citoyens pour donner la position de l’église sur les problèmes de société et peser sur les décisions à prendre…
Ces quelques réflexions, maintes fois énoncées, me valent, à chaque fois, des réactions indignées ou, pour le moins, réservées.
Les croyants hurlent au blasphème, à l’intolérance laïcarde…Bof !
Plus grave, les laïques « bien pensants », les ouverts, les pluriels, m’accusent de ranimer la guerre scolaire, de jeter de l’huile sur le feu, d’être INTOLERANT…
Le grand mot est lâché : INTOLERANT.
Mais où se niche-t-elle cette foutue intolérance ?
Qui utilise en permanence le « il ne faut pas…. » ?

Quelques exemples :
-    Les homosexuels (dont je ne suis pas !) veulent ne plus avoir à se cacher, souhaitent se marier, désirent avoir ou adopter des enfants. Est ce qu’ils empêchent les autres d’être hétérosexuels, de se marier à l’église, de ne « s’unir charnellement qu’en mariage seulement » et uniquement pour procréer ?
-    Ceux qui souhaitent se « pacser » interdisent-ils aux autres de se marier devant le curé ?
-    Ceux qui divorcent veulent-ils imposer aux autres de le faire ?
-    Ceux qui ont envie de se moquer de ce qu’ils considèrent comme de l’obscurantisme ou de la niaiserie interdisent-ils aux croyants de dessiner un athée avec un couteau entre les dents ?
-    Et si, chez nous, ces diktats religieux se font plus discrets, plus sournois que dans certaines contrées où le fanatisme religieux rejoint le calcul politique pour régler des comptes colonialistes, impérialistes, mercantiles…, il n’est que de regarder en arrière dans notre histoire pour constater que le catholicisme a exercé une féroce dictature sur la société et qu’il est nostalgique de cette époque bénie où il avait tous les droits sur les consciences et sur la vie des gens : bûchers, Inquisition, Saint- Barthélémy, même Jeanne d’Arc, Chevalier de La Barre, excommunications qui équivalaient à la mort lente…
Autres temps dira-t-on ?Pas si sûr… Un député UMP, Jean-Marc Roubaud, propose carrément de modifier la loi de 1881 sur la liberté de la presse en ajoutant l’alinéa suivant : « Tous discours, cri, menace, écrit, imprimé, dessin ou affiche, outrageant, portant atteinte volontairement aux fondements des religions est une injure »
Dans certains cafés-philo, de grands penseurs discourent durant des heures sur : « la liberté d’expression ? oui…mais… ! », sur le jugement à porter sur une caricature : « est-ce une injure ? une offense ? »
On ne l’employer pas trop encore, mais ça ne va pas tarder : le mot « blasphème » va bientôt régner. Roubaud pense si fort à lui dans son projet que tout le monde l’entend.
Je ne vais pas l’employer, moi, ….J’en resterais à l’offense et à l’injure…
M’accordera-t-on le droit d’être offensé par la vue de ces millions de croix multicolores, gigantesques, omniprésentes, qui, artistiquement sont des horreurs ? A-t-on pensé à l’impact psychologiques sur un enfant de la représentation d’un homme crucifié, sanguinolent, au visage exprimant une atroce douleur ?
M’accordera-t-on le droit de penser que toutes ces croyances, toutes ces religions inventées par des illuminés, qui ont sévi pendant des siècles avant de » céder la place à d’autres, tout aussi délirantes, sont une injure à ce qui, pour l’heure, caractérise et différencie l’être humain : l’intelligence et la raison ?
Pour obtenir « le pardon de mes offenses », je terminerai par un clin d’œil à ce vieux militant libre –penseur qui disait en se marrant :
« je suis trop vieux pour le voir, mais j’espère que l’intelligence sera a plus forte et que, quand on entendra quelqu’un évoquer Dieu, les infirmiers arriveront aussitôt avec la camisole ! »
Mais non, ne vous énervez pas, monsieur Roubaud, je plaisante…c’est de l’humour !