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> Dieu et Marianne. Philosophie de la laïcité.
de Henri Péna-Ruiz
Ed. PUF - 2000 - 368 p. - 149 F

LA DEDICACE DE L'AUTEUR
Dieu ? La foi religieuse ne doit pas être captation forcée des consciences. De nombreux croyants en conviennent, qui rejoignent les libres penseurs dans le refus de toute confusion entre pouvoir temporel et témoignage spirituel. Et ce refus concerne aussi bien les groupes de pression confessionnels de la société civile que l'imposition d'un credo par un Etat clérical. Marianne ? La République, bien commun aux hommes, s'ouvre généreusement à tous. Elle ne peut donc aliéner à personne l'espace de concorde qu'elle fait advenir : sa raison d'être est de promouvoir ce qui unit les hommes, non ce qui les divise et les enferme dans des "différences". La neutralité confessionnelle de la République n'est pas le signe de son hostilité à la religion, mais la marque d'une exigence d'universalité qui lui permet de représenter effectivement tous les hommes. Dieu et Marianne, affranchis l'un de l'autre par la séparation laïque, n'ont pas à se faire complices ou ennemis, car ils relèvent de registres distincts. La laïcité est promotion active, par l'instruction publique, de l'autonomie de jugement qui affranchit les hommes de toute tutelle civile ou politique, qu'elle soit religieuse ou non. La concorde qu'elle rend ainsi possible est la plus authentique qui soit, car elle ne repose sur aucune sujétion des consciences, aucune emprise idéologique. Elle joint le généreux pari sur la liberté au souci d'un monde commun à tous les hommes. Fraternité : cet idéal prend vie et sens entre des hommes maîtres d'eux-mêmes et de leurs pensées, pleinement égaux et libres. Délier pour unir. Tel est le message d'avenir et d'espoir de l'idéal laïque. Il est possible d'en mesurer toute la portée dans un monde que déchirent à nouveau les quêtes fébriles d'identité par lesquelles on croit pouvoir compenser la froide mercantilisation de toute chose et la misère moderne qui en est la rançon. Au cours de mes recherches sur l'histoire et la philosophie de la laïcité, ces idées ont pris pour moi une sorte d'évidence chaleureuse. En écrivant "Dieu et Marianne", j'ai souhaité définir aussi clairement que possible la laïcité, mais aussi faire apparaître toute la puissance d'émancipation et de concorde de l'idéal dont elle relève.
Henri Pena-Ruiz.